Les femmes inuites de l’Arctique conçoivent des stratégies de collaboration entre les organisations autochtones et l’ONU pour la mise en œuvre de la Recommandation générale n° 39 de la CEDEF
| 2023-05-31
Nous continuerons à renforcer la participation politique et citoyenne des Femmes autochtones à l’Assemblée générale. « Nous avons besoin d’experts au Haut-Commissariat qui sont au courant des enjeux qui nous touchent, à l’intérieur comme à l’extérieur de nos territoires », ont-elles convenu.

20 avril 2023.- Pour renforcer le mouvement des femmes inuites dans l’Arctique et maintenir un dialogue sur la mise en œuvre de la Recommandation générale numéro 39 (RG39) de la CEDEF, nous nous sommes réunies lors d’un événement parallèle à la 22e session de l’Instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones (UNPFII). L’événement, organisé par l’Inuit Circumpolar Council (ICC), la Mission permanente du Danemark à New York et le Forum international des Femmes autochtones (FIMI), avait pour but de promouvoir l’application de cet instrument international contraignant à travers lequel les États sont tenus de protéger les droits individuels et collectifs des Filles et des Femmes autochtones dans le monde.

Ouvrant le dialogue, Binota Moy Dhamai, président du Mécanisme d’experts sur les droits des Peuples autochtones (2022-2023), un organe subsidiaire du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, a expliqué que la RG39, adoptée grâce au travail acharné des mouvements de Femmes autochtones, reconnaît les voix des filles, des jeunes et des femmes en tant qu’agents de changement et leaders à l’intérieur comme à l’extérieur de leurs communautés.

« La Recommandation générale définit et adresse les différentes formes de discrimination intersectionnelle auxquelles elles sont confrontées, mais rend également obligatoire l’accès à la justice », a déclaré Moy Dhamai. « Elles ont travaillé d’arrache-pied pour les femmes et les filles inuites, afin que les actions du gouvernement danois pour implanter des dispositifs contraceptifs pour réduire le taux de natalité au Groenland, dans les années 1960 et 1970, ne se reproduisent plus », a-t-il déclaré.

Dans son discours, Tarcila Rivera Zea, présidente du FIMI, a donné une brève introduction à la RG39. Elle a rappelé que, depuis 30 ans, différentes organisations de Femmes autochtones se sont articulées en un réseau continental pour protéger leurs droits. « Nous avions de nombreux instruments internationaux qui travaillaient pour garantir l’égalité entre femmes et hommes, mais il manquait une pierre angulaire qui traiterait spécifiquement de la protection des droits des Filles et des Femmes autochtones », a-t-elle déclaré.

Rivera Zea a reconnu que la mise en œuvre de la RG39 représente un défi. « L’objectif de la Recommandation est d’orienter les États quant aux mesures législatives, politiques et autres mesures pertinentes à prendre pour garantir le respect de leurs obligations relatives aux droits des Filles et des Femmes autochtones. Nous devons renforcer la négociation entre les gouvernements nationaux et les acteurs internationaux. Il faut parler de la mise en œuvre pour que la recommandation se fraie un chemin de la scène internationale au niveau local, et ainsi combattre la corruption pour renforcer la protection des droits et l’accès à la justice », a-t-elle expliqué.

La présidente de Pauktuutit Inuit Women of Canada, Gerri Sharpe, s’est dite reconnaissante pour le dialogue qui s’est établi à partir de cette rencontre entre les représentants d’organisations internationales et les femmes inuites qui vivent dans les différentes régions arctiques de la planète.

« Nous nous engageons à faire en sorte que les droits humains et les priorités des femmes inuites soient équitablement inclus dans le Plan d’action sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits des Peuples autochtones, que le gouvernement fédéral canadien élabore actuellement en partenariat avec des organisations autochtones », a déclaré Sharpe. La RG39 sera un excellent outil de travail collaboratif avec les différentes collectivités territoriales, a-t-elle ajouté.

Tove Søvndal Gant, membre de l’UNPFII, a reconnu qu’il existe des inégalités, des violences structurelles et des taux de corruption alarmants dans certains des pays qui ont ratifié leur participation aux programmes de protection des femmes. « La volonté politique des fonctionnaires de chaque pays sera essentielle pour adapter la Recommandation aux circonstances locales et éviter toute malhonnêteté qui pourrait mettre en péril sa pleine application », a-t-elle déclaré.

Elle a aussi ajouté que « les gouvernements du Danemark et du Groenland devraient renforcer leur coopération politique et veiller à ce que le document soit traduit dans les langues autochtones correspondantes, afin que les habitants puissent le comprendre ».

Enfin, parlant de comment concevoir des stratégies de collaboration entre les organisations autochtones et l’ONU pour favoriser la mise en œuvre de la RG39, Rosalee Gonzalez, co-coordonnatrice de la région nord de l’Enlace Continental de Mujeres Indígenas de las Américas (ECMIA), a expliqué que le plus important était de continuer à renforcer la participation politique et citoyenne des Femmes autochtones à l’Assemblée générale.

« Nous devons former des Femmes autochtones à l’ONU afin de devenir hautement qualifiées et ainsi nous assurer d’avoir des experts au Haut-Commissariat qui connaissent nos besoins et les enjeux qui nous touchent à l’intérieur comme à l’extérieur des territoires autochtones », a-t-elle déclaré. 

Les femmes leaders, a-t-elle ajouté, jouent un rôle très important dans le suivi et la supervision des actions prises par les gouvernements pour garantir une mise en œuvre efficace. En outre, ces femmes membres des organisations de la société civile peuvent présenter des rapports parallèles aux comités afin de mettre en lumière des lacunes et des défis à surmonter dans l’application de la Recommandation qui ne sont peut-être pas mentionnés dans les rapports officiels présentés par les États.