Quatre éléments clés pour tirer parti de la CEDEF en tant que Femmes autochtones
| 2022-08-09
Comprendre la CEDEF (CEDAW en anglais), faire jouer l’influence des organisations de Femmes autochtones dans les rapports des États parties et établir des rapports complémentaires, intervenir lors des sessions et promouvoir la Recommandation n39 sur les droits des Femmes et des Filles autochtones : voici quatre étapes fondamentales pour nous approprier cet instrument de changement. La discrimination gagne du terrain sur nos corps, nos êtres chers et nos terres. Cependant, nous, les Femmes et les Filles autochtones, nous unissons pour lui faire face. Nous avons recours à nos savoirs ancestraux et nous devenons des agentes du changement. Nous luttons contre la violence sexiste ; nous soignons les troubles physiques et spirituels ; nous produisons des aliments et nous réinvestissons la médecine traditionnelle ; nous protégeons la Terre-Mère, les animaux et les plantes car ce sont eux qui nous permettent de vivre en harmonie. Cependant, bien souvent, les savoirs ancestraux et la lutte collective ont besoin d’être encadrés par des instruments de droit internationaux sur lesquels s’appuyer. La CEDEF, dont le respect est obligatoire pour les États l’ayant ratifiée, est un instrument crucial car il vise à ce que les femmes et les filles puissent pleinement exercer leurs droits et leurs libertés fondamentales. Comment les Femmes et les Filles autochtones peuvent-elles tirer parti de la CEDEF ? Voici quatre éléments clés pour y parvenir.  
  1. Comprendre ce qu’est la CEDEF : une convention internationale qui exige le respect des droits des femmes et qui les protège contre la discrimination.
La CEDEF est la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Il s’agit du seul traité international contraignant entièrement consacré à la protection des droits des femmes. Le Comité de la CEDEF se compose de 23 expertes indépendantes des régions Amérique, Afrique, Asie, Pacifique, Europe/Asie Centrale et Moyen-Orient/Afrique du Nord. Il est le destinataire de rapports remis par chaque État, ainsi que de communications émanant d’individus ou de groupes, visant à dénoncer des violations systématiques des droits des femmes. En outre, le Comité est habilité à ouvrir des enquêtes, à condition que l’État concerné y consente. Ce Comité international formule également des recommandations générales dont la législation nationale ou d’autres cadres doivent tenir compte pour garantir le respect des droits des femmes. La Recommandation générale n39, qui est sur le point d’être adoptée, est consacrée aux droits des Femmes et des Filles autochtones.
  1. Se renseigner à l’avance sur les États dont les rapports seront examinés lors de la prochaine session du Comité de la CEDEF et, si notre pays en fait partie, participer à l’élaboration du rapport.
Pour chacune de ses sessions, le Comité de la CEDEF invite habituellement huit États parties. Le Comité incite les États à consulter les organisations non gouvernementales et les associations de femmes pour élaborer leur rapport. Nous, les Femmes et Filles autochtones, pouvons faire pression sur les États, à travers nos organisations, afin que notre situation soit prise en compte dans ces rapports et que des politiques nationales soient mises en œuvre pour garantir le respect de la Convention. Si nous n’avons pas été prises en considération dans l’élaboration du rapport d’un État, il est possible de rédiger un rapport complémentaire ou parallèle afin de dénoncer les problèmes rencontrés par les Femmes et les Filles autochtones, relatifs au non-respect de la Convention dans la pratique. Il est également possible d’y mentionner des recommandations spécifiques en vue d’obtenir un changement.
  1. Assister à la session à Genève et plaider pour l’inclusion des Femmes autochtones dans les politiques et les programmes.
Le Comité de la CEDEF invite les ONG à s’exprimer oralement lors des séances publiques. C’est une opportunité à saisir pour les Femmes autochtones. Il s’agit de faire pression, d’exercer une influence sur des personnes ayant un pouvoir de décision afin d’intervenir dans les politiques publiques. Nous, les Femmes autochtones, maîtrisons l’art du plaidoyer. Nos interventions, riches en récits, en images et en expériences, ont généralement beaucoup d’impact sur l’opinion publique dans de nombreux domaines. Le plaidoyer nous permet de passer de la simple dénonciation à une proposition concrète de solution. En prenant part aux sessions du Comité, nous, les Femmes et les Filles autochtones, informerons les États des manquements à la Convention subis par nos communautés. En outre, nous apporterons des solutions durables pour résoudre ces problèmes. Lors de ces sessions, nous pouvons souligner combien il est nécessaire d’adopter une Recommandation générale qui exige des États d’inclure des politiques garantissant nos droits fondamentaux, sur le plan individuel et collectif, en tant que Femmes et Filles autochtones.
  1. Être attentives aux prochaines étapes et réunir encore plus de voix pour promouvoir la Recommandation générale de la CEDEF sur les droits des Femmes et des Filles autochtones.
Nous, les Femmes autochtones, avons lutté et luttons encore pour mettre en valeur nos droits de façon individuelle et collective. Nous pensons que nous obtiendrons davantage de résultats en étant informées et unies. Une fois adoptée, la Recommandation deviendra un instrument stratégique au service de nos revendications. Dans cette optique, des organisations et des réseaux régionaux unissent leurs efforts pour la faire connaître à travers la campagne https://cedaw.fimi-iiwf.org. Participez-y pour promouvoir l’adoption de la Recommandation générale.